Hommage à un magnifique spectacle théâtral, vu ce 26 septembre 2021 sous le chapiteau des Baladins du Miroir, dans le cadre du festival Aux Actes Citoyens 2021, à Tomblaine (Qu’est-ce ? voir ici : https://wp.me/p7TeeU-ey)
Désir, Terre et Sang est le titre de ce spectacle (1).
Écrit et mis en scène par Dominique Serron (2), cette production associe deux compagnies théâtrales belges : l’Infini Théâtre, dirigée par Dominique Serron, et Les Baladins du Miroir (3), donc de très nombreux talents : en scénographie, lumière, costumes, interprétation… Line Adam a composé et dirige la musique de scène de la pièce.
(1) Coproduit avec l’Atelier Théâtre Jean Vilar, le Palais des Beaux-Arts de Charleroi, et DC&J Création.
(2) Dominique Serron est directrice de la compagnie L’Infini Théâtre, metteuse en scène, auteure, professeure…
(3) Les Baladins du Miroir : une compagnie belge de théâtre forain, fondée en 1980, dirigée actuellement par Gaspar Leclère. Elle présente chaque année des spectacles au festival Aux Actes Citoyens de Tomblaine.
Sous le chapiteau des Baladins du Miroir

Pour ce spectacle, Dominique Serron a adapté les trois pièces rurales de Federico Garcia Lorca :
La Maison de Bernarda Alba : après les funérailles du mari et père Antonio Maria Benavides, les portes de la maison de Bernarda se referment sur ses cinq filles, pour un deuil de 8 ans. Mais le désir et la passion rôdent, s’insinuent, se révèlent jusqu’à l’acmé…
Yerma, femme sans enfant, est délaissée par son époux Juan, et perd sa vie en recherches désespérées, folie incantatoire, pleurant indéfiniment le désert affectif et l’infertilité de son mariage…
Noces de sang, pièce de passion amoureuse et de mort, met en scène une noce meurtrière, qui se précipite comme le taureau dans l’arène pour venger l’honneur d’un homme délaissé et humilié, et d’une femme (sa mère) meurtrie.

Désir, Terre et Sang est un drame moderne, gorgé de passions, un combat sans merci entre le désir et les traditions oppressantes d’une société aux rigueurs inhumaines. Les femmes y sont fortes, passionnées, elles parlent fort de leur désir d’amour et de liberté, l’éprouvant tumultueusement, jusqu’à la mort.
L’adaptation écrite par Dominique Serron est un montage littéraire et théâtral de ces trois œuvres de Lorca, porté par l’union des deux compagnies théâtrales, qui ont jeté de belles forces artistiques dans le projet.
L’unité du spectacle repose sur un personnage que la metteuse en scène installe comme un fil rouge : Dioscóro Galindo González, le Maître rouge, l’ami de Lorca. Il accueille le public. Majestueux et disert, il assure des transitions qui sont autant de bribes de récits de vie : il parle de la Barraca (4), du théâtre, de l’amitié, de l’engagement politique ; il nous dit comment Lorca, lui-même, et toutes les victimes de la dictature franquiste ont été sacrifiés. Il se promène dans les trois contes de Lorca, mémoires du passé, et veut rendre espoir aux humains d’aujourd’hui.
(4) En 1932, F.G. Lorca crée, grâce au Ministère de l’Instruction Publique une compagnie universitaire qu’il dirigera : la Barraca, un théâtre itinérant qui tourne à travers toute l’Espagne.
Extrait d’une critique de la pièce :
Mantilles noires, mains jointes (…), on entoure la veuve. Le fils voudrait que la mère lui rende son couteau. Tout est là : le désir, la terre, et le sang. (…) Les yeux des spectateurs sont éblouis par les scènes de village, les chiens, la pleine lune, les malédictions, la discussion des brodeuses, le deuil omniprésent, le rêve de vie encore plus tenace, la campagne crucifiée par la sécheresse, les préparatifs de noces, le rapport fétide filles-mère, les personnages déchaînés, la folie, le mal, les danses, les ensembles vocaux (…)
Dominique-Hélène Lemaire, Arts et Lettres, 30/09/2019.
Et pour conclure : le théâtre, mon ami, c’est la joie du peuple, c’est :
« La poésie qui sort du livre pour devenir humaine. » (El teatro es poesía que se sale del libro para hacerse humana)
Federico García Lorca
(à suivre, un hommage à Lorca, par le poète espagnol Antonio Machado)