Rimbaud ne veut pas changer le monde, il veut le dire autrement. (…) Il porte jusqu’au point de fusion l’incandescence des mots, la liberté du rythme, l’association des images. Il malmène la langue parce qu’il l’aime.
Sylvain Tesson, 05/08/2020, France Inter, Un été avec Rimbaud.
Un extrait des Illuminations : Enfance, III.
Au bois il y a un oiseau, son chant vous arrête et vous fait rougir. Il y a une horloge qui ne sonne pas. Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches. Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte. Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée. Il y a une troupe de petits comédiens en costumes, aperçus sur la route à travers la lisière du bois. Il y a enfin, quand l'on a faim et soif, quelqu'un qui vous chasse.

Le verbe serait ainsi davantage que la désignation du monde. Il en serait le créateur. Les choses n’existeraient que baptisées.
Nietzsche, Le Gai Savoir 1887.