Le titre est un vers d’Apollinaire, choisi dans un des célèbres Poèmes à Lou (1). Choisi parmi des centaines, tout aussi fervents, enivrés, si BEAUX.
(Et j’ajoute qu’Apollinaire est peut-être le seul à pouvoir faire de la poésie avec le mot caserne…)
(1) 1969, Apollinaire G., Poèmes à Lou précédé de Il y a, Préface de Michel Decaudin, Éditeur Gallimard, Collection Poésie. L’œuvre a été éditée de façon posthume en 1947, à Vésenaz (Suisse), sous le titre Ombre de mon amour, puis en 1955 sous son titre actuel.
XII Si je mourais là-bas... Si je mourais là-bas sur le front de l'armée Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt Un obus éclatant sur le front de l'armée Un bel obus semblable aux mimosas en fleur Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace Couvrirait de mon sang le monde tout entier La mer les monts les vals et l'étoile qui passe Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace Comme font les fruits d'or autour de Baratier Souvenir oublié vivant dans toute chose Je rougirais le bout de tes jolis seins roses Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants Le fatal giclement de mon sang sur le monde Donnerait au soleil plus de vive clarté Aux fleurs plus de couleurs plus de vitesse à l'onde Un amour inouï descendrait sur le monde L'amant serait plus fort dans ton corps écarté Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie - Souviens t'en quelquefois aux instants de folie De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur - Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur Et sois la plus heureuse étant la plus jolie Ô mon unique amour et ma grande folie 30 janvier 1915, Nîmes.


