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** ** ** (Ouverture)

La Flûte enchantée (Die Zauberflöte, K620, 1791) opéra de Mozart (sur un livret en allemand d’Emanuel Schikaneder), est une œuvre extrêmement populaire – l’une des plus jouées du répertoire ! Conte merveilleux, initiatique, avec bêtes monstrueuses, instruments de musique enchantés, jeunes héros infiniment attachants… et, bien sûr, Mozart ! Une œuvre complexe, déroutante, et absolument magnifique.

Photo de Sylvie Duval

qu’il faut d’abord ÉCOUTER ; j’ai choisi ici un petit extrait musical, un de mes préférés.

Voici (brièvement) le décor opératique: Pamina, princesse symboliquement orpheline, a été enlevée à sa mère, la Reine de la nuit, par le puissant Sarastro, qui règne en maître sur le royaume du Bien : savoir, vérité, vertu, lumière … Le prince Tamino a pour mission de sauver Pamina. Après de nombreux dangers, peurs terrassantes, obstacles, bref lutte du Bien contre le Mal, les deux jeunes gens (qui se sont aimés sans se connaître) se retrouvent enfin! Triomphe de l’amour? Pas encore, pas tout à fait. Car il faudra, à travers des épreuves initiatiques effrayantes, que le jeune couple prouve son courage et sa vertu, pour accéder à l’Amour vrai, et devenir le noble couple (Edles Paar) sarastrien.

La Flûte enchantée nous emmène alors sur les pas de Pamina. Tamino a déjà subi, en compagnie de Papageno l’oiseleur, l’épreuve du silence. Mais c’est avec Pamina qu’il achève son initiation : elle révèle à Tamino les secrets de la Flûte enchantée, et le guide*, par la grâce de la musique, vers l’accomplissement de leur destin d’adultes.

*De nombreuses mises en scènes de la Flûte montrent effectivement Pamina prenant Tamino par la main, ils marchent tous deux au-devant des épreuves…

… Entendre (ou retrouver) un chant sublime, qui je crois reflète l’âme de cet opéra.

Acte II, n°21, 28ème entrée, Andante. « La porte s’ouvre, Tamino et Pamina se prennent dans les bras ».

« Tamino mein, ô welch ein Glück ! »

Le chant de l’amour véritable : la musique qui permet de traverser les épreuves, d’abord porté en solo par Pamina, repris par Tamino, devient à la fin quatuor avec l’intervention des deux hommes en armes du royaume de Sarastro (Geharnischte Männer)…

Le poème :

Pamina 
Mon Tamino ! Ô quel bonheur !
Tamino
Ma Pamina ! Ô quel bonheur !
Voici les portes de la terreur, qui me menacent du malheur et de la mort.
Pamina
En tous lieux je serai à tes côtés.
Moi-même je te conduis, que l’amour me guide !
Qu’il couvre le chemin de roses, puisque les roses ont toujours des épines.
Joue à présent de ta flûte merveilleuse ; qu’elle nous protège dans cette voie.
En un instant magique mon père la tailla au cœur même d’un chêne millénaire,
Tandis qu’éclairs, tonnerre et tempête faisaient rage.
Viens maintenant, et joue de la flûte ; qu’elle nous guide sur la terrible route !
Pamina , Tamino et les Hommes en armure
Par le pouvoir de la musique,
Nous/vous cheminons/cheminez joyeux à travers la sombre nuit de la mort.
Pamina et Tamino
Nous avons traversé le brasier, combattu courageusement le danger.
Que ton son soit une protection dans le flot de l’eau, comme il l’a été dans le feu.
Oh dieux, quel moment !
Le bonheur d’Isis nous est accordé.

(Traduction Daniel Colombat)

D’abord prisonnière, perdue, terrorisée par les ordres de sa mère, puis par Monostatos (un sbire du royaume de Sarastro), dévastée par ce qu’elle pense être l’abandon de Tamino, Pamina a connu la peur et le désespoir, elle a voulu se tuer… Elle retrouve alors forces et courage, s’affermit grâce à l’amour, par la musique, fait destin commun avec Tamino. Elle lui donne la flûte enchantée, et l’accompagne dans les épreuves symboliques de l’eau et du feu.