COMPLÉMENTS

  • 1 : Quelques courts extraits du roman-chronique Présent?, de Jeanne BENAMEUR

Mme la Principale du collège :

Elle ne peut même pas discuter avec ses profs. La plupart se cantonnent dans une attitude infantile. Elle est la "patronne". (...) M. Belloin, son adjoint (...) voudrait que ça tourne comme de belles machines, ces petits, et qu'on les mette au pas. Mais son pas cadencé chaloupe ici.

Elle se sent seule. 

Il faut inventer une autre façon de mettre les élèves au travail. In-ven-ter. Un mot qui fait peur. Aux enseignants comme aux parents. On préfère se replier sur la nostalgie d'un temps où l'ordre régnait. La plainte se porte bien et réclame moins d'effort. 

Comment les petits qui arrivent, pleins d'ardeur, deviennent-ils ces grands dont on ne sait plus quoi faire ? Comment répondre de cet anéantissement?
(p. 136)

Le « bon vieux système » :

... dehors les emmerdeurs ! avec sa belle conscience pour soi : on avait "protégé" les élèves travailleurs des perturbateurs comme on protège les bons citoyens en mettant en prison les mauvais. Comme si la séparation pouvait servir à recréer du lien là où ça manque, là où on devrait donner toute son intelligence à chercher un nouveau tissage possible.
 
Que protège-t-on vraiment ?
 
Le désir des élèves, qui le protège ?
(p. 138)

L’atelier d’écriture du CDI :

L'orthographe, on ne s'en préoccupe pas tout de suite. D'abord on part chercher ce qu'on a à écrire. On ne s'inquiète pas de la correction de la langue maintenant. On s'aventure. On part en explorateur. Comme les chercheurs d'or, on ose aller creuser dans la boue. Il ne faut pas hésiter à se salir les mains quand on veut écrire. Allez. Du courage et de la rigueur. D'abord avec soi. On essaie d'écrire ce qu'on a vraiment à écrire. Et à sa façon. Comme on le sent. On peut tout se permettre, de toute façon on retravaillera. Pour aller encore au plus près de ce qu'on est, avec les mots. "Avec les mots, on devient"...
p. 139

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  • 2 : Sommaire de la revue de l’AGSAS Je est un Autre, n°33 :

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  • 3 : extrait du texte de Didier Daeninckx, Caché dans la maison des fous :

Denise (Glaser, jeune résistante juive réfugiée à Saint-Alban) s’entretient avec le Dr François Tosquelles:

« Ce qui caractérise la psychanalyse, c’est qu’il faut l’inventer. L’individu ne se rappelle de rien. Alors, on l’autorise à déconner. On lui dit: « Déconne, déconne mon petit ! Ça s’appelle associer. Ici personne ne te juge, tu peux déconner à ton aise ». Moi, la psychanalyse, je l’appelle la déconiatrie. Mais pendant que le patient déconne, qu’est-ce-que je fais ? Dans le silence ou en intervenant-mais surtout dans le silence- je déconne à mon tour. Il me dit des mots, des phrases. J’écoute les inflexions, les articulations, où il met l’accent, où il laisse tomber l’accent… Comme dans la poésie. J’ai toujours eu une théorie: un psychiatre, pour être un bon psychiatre, doit être un étranger ou faire semblant d’être étranger. Ainsi, ce n’est pas une coquetterie de ma part de parler si mal le français. Il faut que le malade – ou le type normal – fasse un certain effort pour me comprendre. Il est donc obligé de traduire et il prend à mon égard une position active ».

p. 34-35

L’Hymne à l’amour, un tableau du Cantique des Cantiques de Marc CHAGALL (1960)