Une brillante rose, photo poétique :

J’ai regardé de vieilles photos, prises dans mon jardin. Voyez cette apparition, pour ainsi dire miraculeuse (et pourtant tout à fait naturelle), dans la grisaille d’un matin de mai 2011 – car, oui, les jardins lorrains grisouillent souvent en mai, même après les mystérieux saints de glace.

Cher jardin, merci. Écoute à ton tour un petit extrait de ce texte éternel et merveilleux. J’espère que beaucoup d’enfants le connaissent encore aujourd’hui :

(…) mais la fleur n’en finissait pas de se préparer à être belle, à l’abri de sa chambre verte. Elle choisissait avec soin ses couleurs. Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. Elle ne voulait pas sortir toute fripée comme les coquelicots. Elle ne voulait apparaître que dans le plein rayonnement de sa beauté. Eh ! oui. Elle était très coquette ! Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours. Et puis voici qu’un matin, justement à l’heure du lever du soleil, elle s’était montrée. Et elle, qui avait travaillé avec tant de précision, dit en bâillant :

« Ah ! je me réveille à peine… Je vous demande pardon… Je suis encore toute décoiffée… »

Le petit prince, alors, ne put contenir son admiration:

« Que vous êtes belle !

– N’est-ce pas, répondit doucement la fleur. Et je suis née en même temps que le soleil… »

Le petit prince devina bien qu’elle n’était pas trop modeste, mais elle était si émouvante !

« C’est l’heure, je crois, du petit déjeuner, avait-elle bientôt ajouté, auriez-vous la bonté de penser à moi… »

Et le petit prince, tout confus, ayant été chercher un arrosoir d’eau fraîche, avait servi la fleur.

Texte et illustrations : Antoine de Saint-Exupéry (2000, Le Petit Prince, Chapitre VIII, Paris, Gallimard, 1ère édition 1946).

Par Natacha Atlas (1999)

Musique de Cécile Caulier et Jacques Lacome, paroles de Cécile Caulier.

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