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Fin du tour d’horizon des Estivales de Bussang (les dernières du directeur et metteur en scène Vincent Goethals). Donc voici un article sur Traces d’étoiles, pièce courte, grand texte et très belle création, que je suis fière d’avoir découverte au Théâtre du Peuple.

Vendredi 25 août à 12 heures, salle Camille de Saint-Maurice (la petite salle du Théâtre du Peuple): Traces d’étoiles. Cest un texte magnifique, écrit par l’auteure et scénariste américaine Cindy Lou Johnson.

Cindy Lou Johnson est née (sans doute dans les années 60?) dans le Colorado. Elle a beaucoup voyagé, et a notamment étudié à Paris-Sorbonne. En tant qu’auteure dramatique, C.L. Johnson est pratiquement inconnue en France. Par contre, ses pièces sont régulièrement jouées à Broadway (The Years, The person I once was). Le texte original de Traces d’étoiles (Titre original: Brilliant Traces) a été publié en 1989 (Josef Weinberger Plays, London). La pièce a été créée à New-York, au Cherry Lane Theater, avant d’être reprise à Londres, puis à Montréal, dans la traduction de Maryse Warda.

Traces d'étoiles

Traces d’étoiles

À Paris, en 2002:

Sous le titre Comme des étoiles, la pièce a été représentée en 2002 à Paris (Théâtre de la Gaîté-Montparnasse), dans une adaptation de Blandine Pélissier, et une mise en scène de Patrick Paroux. Les deux protagonistes étaient joués par les comédiens Jean-Jacques Vanier et Diane Valsonne.

À Montréal (Québec), en 2008:

La pièce a été représentée sous son titre Traces d’étoiles (Traduction de Maryse Warda), dans une salle du Monument-National. Mise en scène : Tania Kontoyanni ; scénographie : Anne-Marie Bérubé ; lumières : Claire Lamarre ; musique et violoncelle : Claude Lamotte. Ce sont des comédiens du Théâtre Huitième qui incarnent les personnages, Rosannah et Henry Harry.

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Photo empruntée, avec son autorisation, au blog de la scénographe Anne-Marie Bérubé, merci à elle! https://annemarieberube.wordpress.com/contact/

À Bussang (France, département des Vosges), en 2017 :

Traces d'étoiles
Affiche du spectacle au Théâtre du Peuple de Bussang

Par la Compagnie FACT (Fabrique Artistique de Création Théâtrale), de Bruxelles, en coproduction avec le Théâtre du Peuple.

La mise en scène est de Jean Baptiste Delcourt, les lumières d’Amélie Géhin. Les deux comédiens en scène : Angèle Baux Godard et Clément Goethals.

Le décor et l’argument : 

Une cabane perdue dans une tempête de neige en Alaska, précipitée dans un enfer blanc qui s’étire sur plusieurs jours, semaines, mois, autant dire une éternité. A l’intérieur, un homme vit seul, en ermite, hors du temps. Il s’appelle Henry Harry, et il fuit un chagrin abyssal dans cet abîme de solitude et de silence. Le décor est dressé pour un huis-clos magnétique, une de ces rencontres-ruptures, où la vie se met à nu.

Henry Harry: Ça fait un bout de temps que je suis pas mal seul (…) Un grand bout (…) Parce que l’affaire, avec le monde, ben c’est que tu sais jamais par où ils vont t’avoir.

(p. 81-82)

À l’extérieur, une femme en robe de mariée et en souliers de satin, prise dans le blizzard, tambourine à la porte, gelée, perdue. C’est Rosannah DeLuce, elle aussi semble détruite par une souffrance indicible, qui lui a fait perdre tout repère spatial et temporel.

Rosannah: Je veux pas être dans le chemin de personne. Je suis désolée que mon auto se soit arrêtée. J’aurais peut-être pas dû la pousser tant que ça, mais c’est comme si … j’avais perdu la notion du temps…

Henry Harry: Perdu la notion du temps ? Tu veux dire que t’as perdu la notion des semaines.

(p. 63)

Rosannah et Henry Harry sont deux êtres gravement blessés, qui portent leurs cicatrices comme des étoiles qui brûlent. Comment peut-on renaître de ses cendres? Comment trouver une route de retour à la vie, après une grave souffrance, une tragédie?

Les comédiens, Angèle Baux Godard et Clément Goethals habitent littéralement ce texte intense et charnel. Nous faisons avec eux ce chemin de langage, qui les rapproche et les éloigne tour à tour; les émotions qui les empoignent et sèment la panique; l’enfoui, l’indicible, qui reviennent si péniblement en surface. C’est un chemin ardu, il faut beaucoup de confiance, d’amour pour s’ouvrir à la douleur de l’autre, pour accepter finalement de (se) tenir : le corps de Rosannah ne s’écrase pas au sol, car Henry Harry le reçoit, l’embrasse, l’emporte.

Ce n’est peut-être que dans le rapport à l’autre que l’on peut se trouver soi-même. (Livret du Théâtre du Peuple)

Cette fable contemporaine parle du jeu d’attraction et de répulsion entre les êtres, de la solitude et du désir. C’est un poème charnel et intense sur la difficulté de s’ouvrir à l’autre quand on croit avoir tout perdu. (4ème de couverture du livre « Traces d’étoiles », LUX Éditeur, Québec, 2011)

Le réveil commence comme un autre rêve, Paul VALÉRY (cité dans le livret du Théâtre).

Petite annexe de mon crû:

Douleur, par Félix Leclerc (1964)