Ce poème a été publié dans le recueil Enfantasques (Gallimard, 1974)

Vous me copierez deux cents fois le verbe:
Je n’écoute pas. Je bats la campagne.
Je bats la campagne, tu bats la campagne,
Il bat la campagne à coups de bâton.
La campagne ? Pourquoi la battre ?
Elle ne m’a jamais rien fait.
C’est ma seule amie, la campagne,
Je baye aux corneilles, je cours la campagne.
Il ne faut jamais battre la campagne:
On pourrait casser un nid et ses œufs.
On pourrait briser un iris, une herbe,
On pourrait fêler le cristal de l’eau.
Je n’écouterai pas la leçon.
Je ne battrai pas la campagne.

Claude Roy

L’auteur, Claude Roy, est un homme de lettres français né à Paris en 1915 et décédé en 1997. Il a écrit des poèmes, des romans, des essais, et traduit de la poésie chinoise. Une biographie complète de Claude Roy à cette adresse:

https://www.babelio.com/auteur/Claude-Roy/3136

Claude Roy n’écrit pas des livres d’enfants. C’est un poète délivre-enfants. Les images qu’il colle jouent à pigeon-vole. Les mots qu’il met en chansons jouent à saute-mouton.
Dans ses Enfantasques les gens, les enfants, les bêtes et les choses font la farandole, et les paroles, à tire-d’aile et rire-au-ciel, font la cabriole.
« Mais quand Claude Roy lance les mots en l’air, écrivit un critique à propos d’ Enfantasques, ils retombent sous la forme d’idées. Heureux les enfants qui connaîtront ces chansons par cœur sans les avoir apprises » !

(Quatrième de couverture du recueil Enfantasques)

(Images Internet)