Il m’arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. Si l’on est un tant soit peu sensible, on est écorché partout, et tout le temps. Sans compter ce qui peut simplement énerver, agacer à chaque instant. La télévision, un article stupide, la réflexion d’un agent ou de la concierge, il y a quelque chose qui s’affole en vous, une espèce de bête – qui a peur. Le petit écureuil dans sa roue.

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Editeur Le Livre de Poche, Collection Biblio, avril 2105

Si tout était à recommencer …

Si tout était à recommencer, je recommencerais bien sûr, en évitant quelques broutilles: les accidents de voiture, les séjours à l’’hôpital, les chagrins d’’amour. Mais je ne renie rien.

Sur le théâtre et les gens de théâtre, des propos polémiques:

Le théâtre est un art absolument bourgeois, puisqu’une place vaut au minimum vingt francs. Et le rouge, le noir, l’or, les décors, la mise en scène, tout marche comme une petite fabrique de marionnettes. À part les maisons de la culture, où l’on inflige à des malheureux, claqués, sortant de leur travail, du Brecht ou du Pirandello, ce que je trouve d’un snobisme effrayant. Sous prétexte qu’ils ne paient leur place que cinq francs, après le travail, le métro, le train, on leur colle des pièces pour les faire penser, pour « éduquer » le peuple. je me demande de quel droit on peut vouloir élever le peuple, comme s’il n’était pas assez élevé tout seul. Les intellectuels qui se disent de gauche n’ont généralement aucun respect de ce qu’on appelle le peuple. Du moment qu’il s’agit de gens fauchés et fatigués, ce public leur appartient.

Les gens que je n’aime pas:

Je déteste les gens intolérants, sans inquiétude, ceux qui croient posséder la vérité, qui sont bruyants, satisfaits. Les gens bêtes m’ennuient. Je ne supporte pas cette forme d’assurance mêlée de médiocrité : ça m’assomme. Je n’aime ni les faux martyrs, ni les faux intellectuels, ni les vrais bavards. Le respect de l’argent, l’hypocrisie, les lieux communs, le bon sens de la bourgeoisie m’agacent.