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Dom Juan (Copier)
Affiche de La Manufacture

Myriam Muller :

Ciel offensé, loi violée, filles séduites, familles déshonorées (…)
Débauché, oisif, libertin, impie, mais néanmoins séducteur, Dom Juan vient à bout des situations les plus scabreuses. Vivant dans la transgression, il lui reste l’ultime provocation, une invitation à dîner lancer à la statue du commandeur, l’homme qu’il tua naguère.
Dom Juan raconte la descente aux enfers du célèbre libertin. Une œuvre d’une intensité exceptionnelle, énigmatique et difficile à catégoriser : une comédie, une tragédie, un conte moraliste ? La pièce raconte les deux derniers jours de Don Juan en ce monde, les étapes d’un effondrement, d’une descente aux enfers.

Deux comédiens masculins, engagés et énergiques, portent cette pièce : Jules Werner était Dom Juan, et Valéry Plancke, Sganarelle. Dom Juan, dans une mise en scène que j’ai perçue sensuelle et violente de Myriam Muller. Cette artisane, cette femme de théâtre nous offre une vision très contemporaine, et en même temps au plus près du texte de Molière, un Dom Juan :

Veule prédateur, fils à papa prêt à tout pour assouvir ses pulsions. Il ment, il tue, il trompe et, profitant de l’impunité que lui confère sa place élevée dans la hiérarchie sociale, il traite les plus pauvres que lui avec un mépris souverain et un cynisme sans vergogne (…) On s’éloigne des frous-frous à dentelles et autres atours d’époque (…) Une bande-son creuse lentement l’espace. Et c’est un abîme qui s’ouvrira finalement sous les pieds du margoulin mythique (…) C’est convaincant et vivifiant!

(Livret du théâtre)

Note à la mise en scène (par Myriam Muller):

« Dom Juan transgresse tous les codes moraux, sociaux et religieux de son temps. Il est oisif, vit aux crochets de ses créanciers et de sa famille. C’est un homme à qui on a donné la permission (ou qui se donne la permission) de tout faire : de tuer, parce que son rang lui assure cette impunité, de se marier tous les mois, d’enlever une fille non consentante, d’en tirer une autre du couvent pour l’abandonner après la nuit de noces. Son libertinage, l’abus de pouvoir, l’indifférence à tout devoir social et même à la simple existence d’autrui, l’oisiveté, les dettes : autant de traits qui dessinent fort précisément une certaine caste. Les agissements de Don Juan sont ceux de tous ses pairs et le reflet d’une société en crise qui positionne ses envies et désirs personnels avant tout.
Mais Dom Juan n’est pas uniquement cela. C’est aussi un homme qui bat en brèche toute morale établie, remet en cause l’ordre bourgeois et les idées reçues. Il défie Dieu et ce faisant, on pourrait dire qu’il devient une sorte de pionnier, pour enfin pour ainsi dire le premier martyr de la laïcité !
Pourtant chez Molière, pas de thèse, aucune démonstration. Il ne se fait ni prédicateur ni philosophe. Et c’est précisément ce qui rend Dom Juan fascinant, car devant nous vit et meurt –aussi vrai que si nous le rencontrions sur notre route– un homme qui a parié contre Dieu. Un homme qui, dans son orgueil, s’est cherché et trouvé un rival digne de lui.

Partant du mythe de ce banal envoûteur de femmes, Molière a créé une étonnante figure de libertin (au sens étymologique du terme, c’est-à-dire de libre-penseur, d’affranchi) qui nous engage et nous force à nous poser des questions fondamentales et existentielles : la destinée humaine, le sens de la vie »

2.18