Samedi 22 octobre 2016
Un livre: L’inconnu du parvis, de Giuseppe Santoliquido (Ed. Genèse)
J’écoute France Inter dans la voiture, entre 15h et 16h, c’est l’émission « La Librairie francophone » d’Emmanuel Kherad. L’un des invités est un auteur d’origine italienne, totalement inconnu de moi : Giuseppe Santoliquido. Il est venu parler de son livre L’inconnu du parvis, roman paru aux Éditions Genèse.
Je suis tout de suite accrochée par le thème du roman:
Les franges d’une ville, ruelles pleines d’ombre, friches industrielles, vert délavé du canal sur lequel glissent imperturbables les péniches. Là, vit Antoine Comino, garagiste, dans le calme plat de la routine.
La découverte au point du jour d’un cadavre, gisant sur le parvis de la mairie, va bouleverser le train-train du garagiste. Les enquêteurs, qui concluront au suicide, ne disposent que d’un seul indice pour renouer le fil des événements : le véhicule avec lequel la victime s’est rendue sur les lieux du drame.
Antoine Comino, qui a eu cette voiture en main, est alors taraudé par une question : pourquoi cet homme a-t-il mis fin à ses jours ? Il ne veut pas s’en tenir aux apparences. «Il y a dans le geste de ce pauvre bougre quelque chose qui relève du mal du monde », pressent-il. Et de se lancer sur les traces de l’inconnu du parvis.
Où il sera question d’un inconnu, de sa solitude, de sa mort, et du bouleversement que cet événement va provoquer dans la vie d’Antoine Comino, garagiste de son état.
J’ai été très interpellée à mon tour par l’entretien entre l’animateur, Emmanuel Kherad, et l’écrivain, Giuseppe Santoliquido. En voici des extraits marquants:
Tout d’abord, l’exergue du livre, une citation d’Aimé CÉSAIRE:
» Nous sommes ceux qui disent non à l’ombre, nous savons que le salut du monde dépend de nous aussi »
Puis Giuseppe Santoliquido dit :
Certains sont à la marge, ils n’ont aucune existence sociale (…) On détourne le regard des miséreux, par peur d’être entraîné dans leur souffrance. On devient des fantômes les uns pour les autres, on est tous des miséreux les uns pour les autres, on a peur d’être entraînés par les souffrances des autres, par la vie des autres (…) Il manque un peu ce que Yves Bonnefoy appelait la poésie fondamentale, c’est-à-dire de percevoir la pleine présence de l’autre, d’établir un rapport de type poétique avec l’autre …
C’est-à-dire, moi et l’autre, ça ne fait qu’un. Et lorsqu’on comprend cela, une partie du chemin est fait, de façon fondamentale. Ne pas comprendre cela, c’est se couper un bras, une jambe! Les fondamentaux du malaise sont là, c’est-à-dire que, en nous privant de l’autre on se prive d’une part de nous-même (…)
Moi, je ne connais personne qui vit isolé, comme un grain de poussière quelque part. Dès qu’on est du monde, et même avant, on est en contact avec l’autre, avec le monde, et c’est une condition sur laquelle on ne peut pas revenir. On ne peut que penser le fait que nous sommes « en commun » On est l’un avec l’autre, c’est ce « avec » qu’il faut penser, c’est le point de départ de tout ce qui aura lieu par la suite. Il n’est jamais trop tard.
On vit à moitié, comme amputé, si on « oublie » de vivre avec l’autre: l’autre, c’est nous, c’est la définition même de l’être humain. Être-au-monde, c’est être dans le langage des hommes.