Il existe de nombreuses versions du Petit Chaperon Rouge, conte de Charles Perrault (1). Et si elles ne diffèrent guère quant au cadre général de l’histoire, aux personnages… les péripéties du conte sont parfois un peu différentes, d’une édition à l’autre, surtout la fin, rendue encore plus fantastique (que l’original) et dans l’esprit des éditeurs, peut-être plus acceptable… L’autre jour, telle la mère-grand des contes, je racontais à ma petite-fille l’histoire du Petit Chaperon Rouge : comme elle n’a que 3 ans, en quelques phrases (je ne lisais pas), et bien sûr en édulcorant la fin, comme dans la plupart des versions d’aujourd’hui !

En V.O. intégrale (voir note 2)

La moralité du Petit Chaperon Rouge, présente dans la très courte version originale (2), suggère une interprétation que tout le monde a pu envisager d’ailleurs. Ce petit texte en vers n’y figure pas toujours, selon les éditions. Le voici :

MORALITÉ
On voit ici que de jeunes enfants, 
   Surtout de jeunes filles, 
   Belles, bien faites, et gentilles, 
Font très mal d'écouter toutes sortes de gens, 
   Et que ce n'est pas chose étrange, 
   S'il en est tant que le loup mange. 
   Je dis le loup, car tous les loups 
   Ne sont pas de la même sorte ; 
   Il en est d'une humeur accorte, 
   Sans bruit, sans fiel et sans courroux, 
   Qui privés, complaisants et doux, 
   Suivent les jeunes Demoiselles 
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ; 
   Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux, 
   De tous les Loups sont les plus dangereux.

« Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge »

Reproduction de J.-B.S. Chardin, « Le Benedicite » in Perrault C., Le Petit Chaperon Rouge (1994, Editions circonflexe, collection « Un écrivain, un peintre »)
NOTES

(1) Y compris une version théâtrale créée et jouée par Joël Pommerat et sa troupe (2005, Actes Sud, collection Babel, et CDN Théâtre de Sartrouville – 2014, éditions Actes Sud, avec une postface de Marion Boudier).

(2) Par exemple : Charles Perrault, Contes (1994, Classiques français Poche, illustration de couverture de Gustave Doré) ; le conte, très court, du Petit Chaperon Rouge figure p.109 à 112.

Un film récent illustre parfaitement le thème du loup, de l’emprise toxique du prédateur : L’amour et les forêts (réalisatrice Valérie Donzelli, d’après le roman d’Éric Reinhardt, publié chez Gallimard en 2014 (prix Renaudot des lycéens, prix France Culture-Télérama…)