Ce poème a été écrit *, pendant le confinement du printemps 2020, au quarantième jour de cet isolement statufié et pesant : je crois qu’il parle de solitude, du temps perdu ou retrouvé, de l’attente indéfinie, et de ce que nous pouvons en apprendre, avec courage et sérénité…

* par une auteure déjà publiée sur ce site (https://wp.me/p7TeeU-59X)

Ce poème nous est toujours destiné, nous qui abordons maintenant 2022 : espoirs et appréhensions. Ouvre-toi à l’autrement-que-prévu, et à l’Autre :

Photo de Michel Sangsue-Ray, prêtée par Martine Lacour.
Dans les plis d’un Bouddha géant
Quarante jours à ciseler le temps
Au creux de sa main, sis dedans
L’homme sage ne compte pas son temps

Matin ouvert au laisser-faire
Au temps lourd, dur comme la pierre
Temps abyssal, temps carcéral
Festival de temps-cathédrale

Matin ouvert au laisser-faire
Délices à écouter la terre
Évacuer son mauvais karma
Chercher les pas de Siddhartha

Choisir les bons outils de taille
En compagnon, vaille que vaille
Ou tâcheron d’aventures folles
Scie ou râpe, pointe ou pointerolle
Ne pas se laisser embarquer
Vers hier, demain, ni penser
Ni qualifier de colossal, le chantier !

Matins statufiés et pesants
Autel du jour, sacre au levant
Douces heures en goutte de miel
Ou toutes recouvertes de fiel

Qu’importe. Il nous faudra apprendre
À péleriner, se laisser surprendre
Par ce qui advient, ce qui est
Voie de courage et sérénité.

Jour après jour, dans le temps qui se vit
En ce jour 40 de confinement, il se dit
Que cette histoire-là est loin d’être finie

Martine Lacour-Masvigner

(avec l’aimable autorisation de l’auteure)

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