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Hommage: Jean-Pierre Bacri, mort à Paris le 18 janvier 2021, jouait Chrysale dans cette version des Femmes Savantes.
L’argument de la pièce
Philaminte, femme du bourgeois Chrysale, Bélise, sa sœur, et Armande l’aînée de ses filles, sont les Femmes Savantes de cette comédie.
Philaminte, femme impérieuse et acariâtre, vouée à la science, à la poésie, à la philosophie, néglige les soins du ménage et exerce sur son faible et ignorant mari un pouvoir despotique. Chrysale est un homme bon mais faible, sans volonté, et il n’a pas le courage de secouer le joug des femmes savantes de sa maisonnée!
Malgré lui, Philaminte a chassé la bonne servante Martine, parce que celle-ci outrageait trop souvent les oreilles de ses maîtresses.
Bélise est une folle romanesque.
Armande, ne conçoit pas qu’une femme puisse tolérer l’erreur si commune qu’on appelle mariage et elle détourne sa sœur Henriette de ce « vulgaire dessein »
À côté de ces trois pédantes, Molière a placé le poète Trissotin et le savant Vadius, qui sont les types du pédantisme chez les hommes. Ils se rencontrent dans le salon de Philaminte, où les trois Femmes Savantes se pâment à l’écouter ! Trissotin et Vadius passent ensuite de flatteries stupides à querelles ridicules, pour notre plus grande joie …
Trissotin ne se contente pas cependant de jouissances immatérielles. Il aspire en fait à la dot d’Henriette, la fille cadette du couple. Henriette est loin des joies intellectuelles des Femmes Savantes! Elle incarne le « bon sens », et prône à sa sœur Armande les joies simples et sensuelles de l’existence. Henriette est amoureuse du beau Clitandre (dont on apprend qu’il briguait auparavant le cœur d’Armande, mais s’est fait éconduire!)
Clitandre ne se gêne pas d’ailleurs pour railler les ridicules de cette famille, et dire à Trissotin :
« Un sot savant est sot plus qu’un sot ignorant » !
Las! Philaminte s’est mis en tête de promettre sa cadette au sieur Trissotin, et Chrysale semble incapable d’empêcher ce mariage, quoi qu’il en promette… Trissotin est un bel esprit, peut-être, mais il ne se pique pas de délicatesse et, encouragé par Philaminte, il ne renonce pas à la dot qu’il convoite. Mais
Mais voici qu’intervient Ariste, frère de Chrysale : Ariste a compris les noirs desseins de Trissotin, et il met en place un stratagème : au moment le contrat de mariage va être signé, il apporte une fâcheuse nouvelle : Chrysale est ruiné !
Trissotin retire aussitôt sa parole et Philaminte, enfin dessillée, consent de bon cœur au mariage d’Henriette et de Clitandre. Et pour qu’on rie jusqu’à la fin, le faible Chrysale attribue à sa fermeté et à sa volonté cet heureux dénouement !
« Allons, Monsieur, suivez l’ordre que j’ai prescrit,
Et faites le contrat ainsi que je l’ai dit »
30 septembre 2016
Jean-Marie et moi avons vu cette pièce au théâtre de la Porte Saint-Martin (Paris 10ème) et ce fut un grand moment!
Bien sûr, je ne nie pas que j’ai pris les places d’abord sur les noms de deux des comédiens, que nous connaissons et aimons beaucoup au cinéma: Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui ! Puis, sur scène on découvre aussi Philippe Duquesne qui incarne un savoureux Trissotin, et d’autres, une belle distribution.
De « Trissotin ou les Femmes Savantes », j’avais juste le souvenir des cours de français au collège (quand la prof nous faisait lire ou « réciter » les rôles – c’était parfois assez lamentable!) Je ne l’avais jamais vue au théâtre. Le souvenir m’était resté d’une pièce pas tendre avec les femmes, les ridiculisant, jusqu’à la misogynie (mais à replacer dans son contexte du XVIIème siècle, et dans ma perception de collégienne)
.Et là! Miracle, grâce à la mise en scène de Catherine Hiégel le spectateur se retrouve dans un lieu unique et extraordinaire : la scène est un véritable cabinet de curiosités du 17ème siècle, avec lunette astronomique, spécimens d’animaux et autres planches anatomiques, et bibliothèques jusqu’au plafond!
Ensuite, il faut parler du jeu subtil et fort des comédiens. Philaminte (Agnès Jaoui) est une femme épanouie, curieuse et enthousiaste; elle est certes autoritaire (c’est le moins qu’on puisse dire!) exaltée … mais je ne la trouve jamais ridicule, au contraire. Et en plus, elle chante bien! Je trouve la scène finale magnifique: les trois « femmes savantes » (Philaminte, sa fille Armande et sa belle-soeur Bélise) closent la pièce; elles sont alanguies, embrassées sur la scène et Philaminte chante.
On sent que le mari, Chrysale (Jean-Pierre Bacri) a baissé les bras depuis longtemps! Bacri joue tout en subtilité, avec aussi de la force (dans ses défaites domestiques, il est encore digne!) Il nous présente un Chrysale qui nous fait rire, certes, mais en même temps on l’aime dans son impuissance à sauver la situation (c’est son frère qui s’y colle!) La sœur de Chrysale, Bélise (ils vivent tous chez Chrysale qui est un bourgeois bien à l’aise) est une douce dingue, d’une nymphomanie plutôt intello mais rigolote, et son interprète (Evelyne Buyle) est très à l’aise avec ce personnage.
Le texte de Molière prend une force incroyable avec cette metteuse en scène et ces comédiens! « Jubilatoire » comme disent les critiques …
Michèle
Extraits chipés sur Internet:
Une pièce de Molière
Mise en scène Catherine HiegelAvec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Evelyne Buyle, Philippe Duquesne, Julie-Marie Parmentier, Catherine Ferran, Benjamin Jungers, Chloé Berthier, René Turquois, Baptiste Roussillon, Chloé Lorphelin, Thomas Harel, Thomas Keller, Olivier Lugo… Décors Goury. Costumes Renato Blanchi. Lumières Dominique Borrini. Créatrice maquillage, coiffure Véronique Soulier-Nguyne.
La pièce :
Une comédie de mœurs jubilatoire au cœur d’une famille bourgeoise menée par trois femmes savantes, excessives et fiévreuses, entraînant toute la maisonnée dans le vertige de leur orgueil. Malgré leurs débordements, leurs ridicules, et leurs folies, ces femmes savantes demeurent infiniment attendrissantes. Catherine Hiégel réunit une distribution prestigieuse, 30 ans après l’avoir mis en scène avec la Comédie Française, au Théâtre de la Porte Saint-Martin et apporte un regard neuf sur ce grand classique du répertoire.